Le saviez-vous ?
Dans les années 1890, la découverte des mines d’or du Klondike attire des milliers d’aventuriers sur les territoires sauvages canadiens. Ils emmènent avec eux des chiens robustes capables de tirer des attelages. Entre deux ruées, les chercheurs d’or commencent à organiser des courses. Un sport de légende était né…
Contrairement à une croyance populaire, les chiens de traîneaux ne sont pas toujours des Huskies ! En Scandinavie, les autochtones utilisaient beaucoup de races de chiens de chasse, notamment des Braques allemands, pour tirer leurs traîneaux et aider les chasseurs dans leurs tâches.
L’Iditarod (la plus célèbre course de traîneau à chiens) est née lors d’une épidémie ! À l’hiver 1925, la ville de Nome, en Alaska, est ravagée par la dysenterie. Dans le blizzard, le seul qui arrive à rejoindre la ville avec le vaccin est le musher Gunnar Kaasen. Son voyage héroïque est devenu l’itinéraire de la plus mythique course du monde.
Cœur de musher
Au milieu d’une tempête de neige, Christian, 63 ans, nous raconte dans un sourire son métier de musher, ses chiens et son amour pour la forêt québécoise. Rencontre avec une force de la nature, dont la passion n’a d’égal que sa soif infinie pour les paysages du Grand Nord.
Comment êtes-vous devenu musher ? Quelle est la philosophie de vie derrière cette activité ?
C’est une histoire de famille. J’ai été initié à la vie de trappeur et au traîneau à chiens par mon grand-père, un homme très sage qui m’a transmis sa passion pour la nature. Il a été mon mentor et de fil en aiguille le mushing est devenu mon métier et ma religion. Être musher c’est réellement un mode de vie plus qu’une activité. Mes journées sont rythmées autour de mes animaux et de la forêt. Parfois il n’y a pas de place dans le lit parce qu’il y a trop de chiens, c’est aussi ça mon quotidien (rires) !
Qu’est-ce qui fait un bon musher ?
Je crois que les qualités qui font un bon musher sont les mêmes que celles qui font un bon chien de traîneau : l’humilité, le respect, la patience et l’honnêteté. Un bon musher c’est aussi quelqu’un qui peut apprendre de ses chiens, et établir une relation de confiance avec eux. En tant que professionnel du mushing, c’est aussi très important pour moi d’être capable d’engager l’imaginaire des gens, de les transporter dans mon monde et de les aider à se déconnecter du leur quand je les emmène sur mon traîneau.
Comment choisissez-vous vos chiens et quelle est votre relation avec eux ?
Je travaille avec des Alaskans (un croisement entre des Huskies et des chiens locaux et européens) qui sont des coursiers de longue distance, petits et élancés. Ils sont très amicaux avec les gens, ils font juste la tête quand vous ne les emmenez pas en balade ! Chaque chien est unique et a sa propre personnalité, mais je recherche surtout des chiens qui ont bon cœur, c’est indispensable pour établir une bonne relation avec eux. Mes chiens ont une confiance aveugle en moi, et moi en eux. Je suis leur chef de meute. Un chien respectera toujours la main qui le nourrit, j’essaie de leur rendre la pareille.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?
Être musher c’est un peu redevenir animal soi-même, on se reconnecte à ses racines primaires. J’aime rencontrer des gens mais je reste un solitaire. Ce que je préfère, c’est partir seul avec mes chiens, dormir à la belle étoile. Parfois je perds un peu la notion du temps quand je suis dans la nature. Trois jours ou trois semaines, ça me paraît la même chose… On finit par penser comme les animaux qui nous entourent. C’est incroyablement ressourçant.
Quelle est l’anecdote la plus mémorable qui vous est arrivée dans votre métier ?
J’étais sur ma ligne de trappe en forêt et je suis parti en raquettes pour poser des pièges pendant 1 h 30. En revenant, mon traîneau et mes chiens n’étaient plus là… et il faisait – 40 degrés ! J’ai dû marcher plus de 30 km pendant 5 heures pour me rendre à la cabane la plus proche. En arrivant, ils m’attendaient tous là-bas. J’ai croisé deux élans sur ma route, finalement c’était plutôt une belle expérience.
Comment les gens réagissent à ce type d’expérience la première fois ?
Je prends beaucoup de temps avec les visiteurs pour leur expliquer mon métier et leur présenter mes chiens. Certaines personnes économisent pendant des années pour pouvoir vivre cette expérience, et ça me touche énormément. J’essaie de leur faire vivre leur rêve, de partager mon univers. Au début certaines personnes ont un peu peur de se retrouver dans une nature si sauvage mais mon objectif est de les rassurer et de leur montrer que la forêt leur veut du bien. En rentrant, on est comme la fesse droite et la fesse gauche (rires) ! Le mushing nous rapproche et au final les gens reviennent les yeux pétillants et assoiffés de nature.